lundi 30 mai 2011

Cafouillage Natura 2000 L'article paru sur le site du Soir

Natura 2000 : nuage politique

DE MUELENAERE,MICHEL

Vendredi 27 mai 2011
Environnement « Abus de pouvoir »

Les heurs et malheurs de Natura 2000 que nous détaillions dans nos éditions de ce 26 mai ont provoqué un petit séisme en Wallonie. Non seulement parce que la protection de l’environnement avec toutes les contraintes qu’elle implique est désormais loin d’être considérée comme une plaisanterie, mais aussi parce qu’il est rare d’entendre un ministre (Benoît Lutgen, CDH) s’en prendre avec une telle violence à son administration et accuser certains de ses fonctionnaires d’« abus de pouvoir ». Du côté de l’opposition libérale au parlement, on n’hésite pas à juger qu’il s’agit d’« une des crises les plus importantes de la législature ».

« La clarté sur ce gâchis »

Dans une lettre adressée à la présidente de l’assemblée, Willy Borsus, le chef du groupe MR, a réclamé la convocation d’une commission spéciale chargée de faire la lumière sur le dossier Natura 2000. « Il y a une rupture de la confiance, dit Borsus. Mais aussi un risque considérable de perdre les cofinancements européens si le dossier n’est pas bouclé en mars 2012 comme prévu ». Pour Borsus, il faut que le ministre vienne s’expliquer et que l’on fasse « la clarté sur ce gâchis ». Pour rappel, alors que la superficie initiale des 240 sites Natura 2000 avait été établie à 221.000 hectares, le travail de cartographie définitive des sites a révélé une image différente, amputée de 5.000 ha, mais augmentée de 12.000 ha de nouveaux sites. Certains propriétaires n’ayant découvert qu’ils étaient repris en zone Natura 2000 qu’à la veille du début de l’enquête publique.

Du côté libéral, on constate que lorsqu’il a fallu annoncer le lancement de l’enquête publique, le ministre a jugé bon d’envoyer aux communes un courrier signé de sa main, mais lorsqu’il s’est agi d’annoncer son report, la lettre était à l’en-tête de l’administration…

Chez Ecolo (majorité), on sent le malaise : « La nature, sa protection et la biodiversité ne méritent pas cette cacophonie et cet amateurisme », dit-on dans un communiqué tandis qu’un parlementaire juge « évident qu’il y a eu un gros problème de gestion de l’ensemble du dossier tant au niveau de l’administration que du cabinet ».

Pour le PS, le député Edmund Stoffels, « tout cela ne témoigne pas nécessairement d’une gestion planifiée, rigoureuse et correcte de ce dossier très sensible pour l’environnement et l’économie ». Pour lui, il faut s’en tenir à l’échéance « sans tomber la précipitation ». Reste que Stoffels dit s’étonner du moment choisi pour accélérer les choses. « En cette période, les agriculteurs ont d’autres choses à faire que de se plonger dans la paperasse d’une enquête publique ». Et de conclure : « Je me demande si au cours des années précédentes, il y a eu toujours une volonté de maîtriser le dossier correctement ». Le débat, lundi au parlement wallon, risque d’être agité.